Les arbres en pleurs suintent la mort et l'abandon, dans leurs racines grises se creuse le sépulcre alors que sont étouffés les échos par le tapis dense de feuilles décédées qui habillent le sol. On raconte que lorsque Xyhmis fit route vers Sorhelm pour y mourir, accompagnée dans le trépas par une longue procession funèbre, ses serviteurs se sacrifièrent, se donnant la mort en se poignardant autour du tombeau de leur maîtresse, leur corps passant de l'état de cadavre à celui de squelette dont les ossements se transformaient progressivement en racines et en écorce. Par endroit les arbres sont noueux et sveltes, leur écorce semblant prendre la forme d'os humains, alors que d'autres, suintent une sève rougeoyante sous la lune en fleurs, symbole du sang qui fut versé pour honorer la déesse. Sombre, macabre, la Forêt léthargique n'en est pas moins sacrée pour les elfes qui y honorent chaque année la déesse, lui apportant offrandes et somptueux cadeaux, se risquant dans la traversée de la forêt pour y atteindre son sein, où se trouve le site de la mort de Xyhmis. Peu d'hommes, néanmoins, s'y aventurent, les rumeurs de spectres aux lèvres de poison les dissuadant de pénétrer ces lieux sacrés.

Quelque part à mi-chemin entre Sorhelm et le Lac des Brumes, le long de l'immense voie pavée qui serpente entre les vallons des Terres de l'Automne, on trouve le Dortoir de Masam. Auberge réputée dans tout le Royaume pour la simple et bonne raison que celui qui a déjà traversé les Terres de l'Automne s'est forcément arrêté ici. C'est une étape obligatoire pour tous les voyageurs qui parcourent la région, puisque idéalement située là où aucun autre ravitaillement n'est possible. C'est sans doute pour ça que le tenancier, un elfe austral prénommé Masam, est connu pour pratiquer des prix pour le moins déraisonnables en comparaison des autres établissement du royaume. Néanmoins, l'ambiance ici est toujours chaleureuse : tandis que vous dégusterez les délicieux repas servis ici ou que vous jouerez aux cartes en sirotant votre boisson, des musiciens et troubadours égayeront la soirée de leurs prestations.

Lac des Brumes, lieu de mystères et de légendes, apparaît dans bien des contes. Situé au sud des Terres de l'Automne, le lac doit son nom à l'épais brouillard dont il est perpétuellement recouvert, le plongeant dans une semi-opacité qu'aucun vents ne semble parvenir à chasser. Nul n'a vraiment d'explications à cet état de fait, pas même les plus brillants scientifiques qui séjournent à la cour de Reine Nelrenethys. Aussi, un important folklore s'est développé autour du Lac des Brumes. Certains prétendent qu'il serait hanté par des fantômes. D'autres affirment qu'un peuple sous-marin appelés les Néréens, vivraient dans les profondeurs du Lac, et qu'ils utiliseraient leur magie pour le recouvrir de brumes afin de se dissimuler des Elfes. Si ces deux mythes sont plus répandus, des dizaines d'autres existent. Pour les Elfes qui habitent Mistborg, un petit port lacustre servant à acheminer des marchandises le long des fleuves en amont et en val du Lac des Brumes, les légendes ne sont que des légendes. Mais malgré leur scepticisme, rares sont les bateliers qui seraient prêts à vous emmener au centre du lac, où on prétend qu'une île maudite par les Dieux attendrait que des valeureux la vide de ses trésors...

Morasolum. Située à l'extrême-sud du pays, là où la Mer australe borde les Terres de l'Automne, ces marécages malsains et puants s'étendent à n'en plus finir. Havre de paix pour les moustiques et les reptiles géants qui y prospèrent, il faut être fou pour se rendre en ces lieux où même les Elfes austraux, pourtant insensibles aux maladies qui pullulent ici, refusent de mettre les pieds. Si vous êtes assez courageux, peut-être tomberez vous sur l'une de ces anciennes colonies humaines qui, malgré tous les dangers de mort qui rôdent par ici, ont tenté de s'installer ici, les Elfes austraux chassant systématiquement les autres installations des hommes ailleurs dans les Terres de l'Automne.

Dense, étouffante, les arbres suintent une sève corrosive, acide, âcre, qui a tôt fait d'empoisonner quiconque s'y aventure, du moins, dans la partie nord. La partie sud, si elle ne fait pas suffoquer tous ceux qui y entrent est néanmoins infestée d'insectes et de reptiles venimeux, ce qui fait d'elle l'endroit de prédilection pour une chasse aux poisons. Létale est la forêt de Falleskogen, mais elle constitue néanmoins un terreau de prédilection pour les guérisseurs et apothicaires de tout acabit, puisque si elle fournit maints poisons, elle fournit également leur contrepartie, l'antidote, et des plantes médicinales cruciales dans l'exercice de la médecine sur Middholt. Les apothicaires, s'ils n'ont pas l'âme d'aventuriers, ont néanmoins pris l'habitude d'engager bon nombre de mercenaires ou de rôdeurs qui font énormément d'argent... s'ils reviennent en vie.

La houle turquoise de la Mer australe berce les navires marchands, ceux en provenance de Sade ou des Îles Brûlées, une voie maritime achalandée autant que l'euphémisme le permet, alors que flibustiers, corsaires et navires pirates se partagent les butins de joyaux qui quittent les ports des Îles Brûlées pour accoster sur Middholt. Mer accueillante, elle est peu agitée par les caprices des tempêtes, son eau se retrouvant considérablement réchauffée par les courants marins, contrairement aux autres mers qui bordent le continent middholtien. Et si naufrage il y a, c'est sans doute aux mains des nombreux criminels marins qui ont fait de ces eaux leur royaume, trônant sur la crête des vagues comme s'il s'agissait d'un trône à la teinte saphir.