Les hameaux de Bliss, Maymoor, Lorsimer et Covenant y ont poussé comme des champignons, petites collectivités se réfugiant derrière des palissades de bois blanchi à la chaux et des toits de rouge sombre bardés. Les pignons à courbe montés d'une flèche sont caractéristiques de la région et servent à empêcher les neiges et les cendres de s'accumuler sur les toits, mais l'austérité des habitations laisse le voyageur sur sa faim et en quête perpétuelle de chaleur et de couleur. Morne, le paysage qui engonce les hameaux est néanmoins criblé de draperies à la couleur des Dragonfall, seul ornement coloré qui lézarde le gris des pierres. Ici, on vit tantôt de la pêche tantôt des routes à péage, qui permettent aux marchandises de circuler jusqu'à Ibenholt.

Les eaux noires du lac Ilmen s'étalent sur plusieurs centaines de mètres de superficie et la brume qui flotte sur la surface miroitante de l'étendue lui confère une atmosphère sinistre. Peu sont ceux qui osent s'aventurer sur l'eau et on raconte que la nuit des silhouettes fantomatiques dorment sous l'eau, spectres du passé, morts remontant au Réveil des Dragons de la Première Ère. On dit qu'un squelette de dragon repose dans les profondeurs insondables du lac et qu'il se met à briller la nuit, conférant à la brume qui en émane une lueur blanchâtre inquiétante. Malgré les rumeurs, les habitants de Bliss, cité en bordure de l'étendue d'eau, n'hésitent jamais à naviguer sur le lac, leurs abondantes récoltes de poisson faisant tourner leur économie. Toutefois, même les résidents de Bliss évitent de s'y risquer la nuit, eux aussi effrayés par les lueurs blanches qui criblent la surface paisible du lac Ilmen.

Forêt ancestrale, on dit que c'est là que mourut Dagoth, après sa défaite contre Catharis, déesse de l'hiver. Forêt dense, elle est dominée par de sombres conifères à la robe malachite. Dans les nuages mercuriaux des cieux se dessine la silhouette des cimes noires et les arbres à l'écorce sombre. On dit que du gibier s'y trouve à foison, mais aussi que les loups hantent les bois, écorchant les pauvres voyageurs qui traversent le rideau des arbres vers le nord ou le sud.

Flambeau de noir capitonné s'élevant dans le ciel d'argent des Ashlands, la Tour des Sentinelles d'Alfeynheim perce le sol gris comme un phare dans le désert d'une plaine rocailleuse. Située près du pont d'Alfeynheim, elle abrite les Sentinelles, les préservant du froid et des intempéries. Érigée dès la Deuxième Ère, la Tour des Sentinelles est également flanquée d'écuries, d'un carré d'entraînement, d'une cour intérieure et de remparts de pierre qui forment un quadrilatère autour de l'édifice. Des dépendances et annexes permettent d'entreposer le grain, les armes et les denrées non périssables, ainsi qu'un forgeron et un apothicaire. Dans la nuit noire brille la lumière des torches qui agrémentent les miradors et tiennent compagnie aux veilleurs, chargés d'allumer un flambeau immense pour avertir les Sentinelles d'une éventuelle menace provenant de Daìnnkastal.

S'étirant sur plusieurs centaines de mètres comme un bras griffu, le Pont d'Alfeyheim était là bien avant les Hommes. Structure imposante, elle est composée de pierres noires qui s'apparentent à de l'obsidienne tellement ils réfléchissent la lumière et renvoient le reflet de celui qui le traverse. Beaucoup croient qu'il s'agirait là des vertèbres du Démiurge que Catharis façonna afin de pouvoir se rendre sur l'île de Daìnnkastal. Longtemps interdit d'accès aux Hommes, il a été ouvert à l'exploitation des ressources de l'île et seuls les miniers, caravaniers et bûcherons qui possèdent une lettre marquée du sceau d'Ibenholt ou de Ravenhole peuvent y circuler librement. Des postes de garde se trouvent à intervalle régulier sur le pont, demandant à chaque fois aux individus leurs papiers. Les autres, retournent chez eux bredouilles, puisque les Sentinelles ne sauraient tolérer qu'on traverse le pont et risque d'éveiller les mauvais esprits de Daìnnkastal.