Quelques centaines de vie plus tard s'étire la colline des suicidés, ses versants escarpés et tranchants constituant autant d'écueils sur lesquels se disloquer pour n'être, au final, qu'un festin pour les charognards qui arpentent le ciel comme autant de gardiens perchés, quelque part, entre la vie et la mort. Unique monticule rocheux des arides steppes de l'est, la colline se décline dans des teintes de gris et d'ocre, découpant l'horizon d'une épaisse silhouette d'encre anthracite baignée des dernières lueurs rouges du crépuscule. La gravir est aussi facile sur le versant nord qu'il est impossible de redescendre par le versant sud, lui-même morcelé et déchiré de crêtes d'estocs pierreux et métalliques. Les locaux ont eu le malin plaisir de l’appeler colline des suicidés, puisqu'elle a arraché tellement de vies et qu'il est d'un intérêt notoire que tous les désespérés de ce monde choisissent les meurtrières pierres en contrebas pour venir s'y fracturer la nuque. Mieux encore que la lame du bourreau ou la corde de la potence, la colline des suicidés offre une mort certaine, quoique peu enviable.

Dans les terres sifflantes de brumes et embaumant la fange des marécages, poussent quelques hameaux, petits villages qui vivent surtout des vignes et des cépages de vin de Myr qu'on exporte à prix fort dans les citadelles. Dans les steppes de l'est, voire près des falaises d'Okerkysten ou sur la côte, les hameaux de Jahan, Highlander, Redcliffe, Marth et Bonecrest s'épanouissent et accueillent les étrangers, surtout ceux en provenance des autres continents qui accostent souvent près de Ravenhole.